Critique du visual novel saya no uta

Revoilà que je me mets à écrire sur ce blog que j’avais plus ou moins laissé tomber, à cause d’un manque de temps et d’autres raisons… je pensais parler de mes autres passions en dehors des VN, mais finalement je pense que je n’aurais sans doute pas le temps nécessaire. Je n’en ai pas l’air sous ce pseudo, mais en additionnant les divers pseudos que j’utilise sur le net, je suis en fait assez occupé, à gérer tel ou tel forum en tant que modo ou qu’admin, à faire un peu de scantrad, à contribuer à ceci ou cela, sans compter mes activités IRL et les aléas de cet IRL…

Le petit passage « 3615 ma vie » est terminé, je vais maintenant parler de saya no uta, un visual novel que je viens de lire d’une traite hier soir. Avant de commencer à en parler , je dois vous mettre en garde sur son contenu.

Dans la plupart des cas, je considère, même si je sais que c’est un point de vue personnel, que la grande majorité des œuvres ou des productions interdites aux moins de 18 ans (que ça soit des jeux vidéo, des films gores ou même la plupart des films porno) ne sont pas choquantes pour une personne à partir de 16 ans, et d’ailleurs je pense que l’on pourrait abaisser l’âge nécessaire pour ces dites œuvres et productions à 16 ans.

Cependant, je pense que saya no uta fait partie de ces rares œuvres qui justifient pleinement leur interdiction aux moins de 18 ans, de part leur contenu réellement choquant, même pour des adultes.

Avant de commencer ma critique de ce que j’ai décrit comme quelque chose de réellement choquant, je dois parler un peu de mes expériences de ce genre de contenu. Rassurez-vous, je vais essayer de faire court.

Bref, parmi mes expériences de films gore, (essentiellement entre mes 18 et mes 20-21 ans) j’ai regardé un certain nombre de fois Cannibal Holocaust, lequel m’a plu à la fois par son côté gore (j’avais un petit sourire en coin pendant les scènes) et son côté plus « profond », j’entends par là les réflexions que ce film amène sur les différences entre les formes de violences des sociétés dites « primitives », et celles, plus feutrées, mais parfois tout aussi cruelles, de nos sociétés industrialisées, ainsi que sur d’autres sujets…

J’ai aussi apprécié le visionnage de Nekromantik, pour ceux qui ne connaissent pas, c’est l’histoire d’un ménage à trois, entre un homme, une femme, et un mort. J’avais apprécié avec délectation tout le côté malsain qu’il y avait dans la scène d’amour à trois, entre autres. Le côté « profond » de certains films gore était quasiment absent, pour sa part. (ou alors, j’ai loupé un truc à l’époque)

Je pense que le seul film qui eut raison de mes résistances est Salo ou les 120 journées de Sodome, je n’ai pas pu tenir plus loin que le milieu du film.

Bref, je pense que je ne suis clairement pas le genre de midinettes à s’extasier devant Battle Royale, en considérant à tort que ce film de violence cartoon fait partie des films les plus gore et malsains jamais inventés.

Pourquoi je raconte tout ça avant ma critique ? Pour justifier ou pour clarifier le fait que je parle ici d’un contenu (tout comme les trois films évoqués ci-dessus) réellement choquant, même pour des adultes, et donc légitimement interdit aux moins de 18 ans, sans passer pour la midinette de base (passez-moi l’expression).

Voila, je vais en venir au sujet de cet article, ma critique de ce VN.

Commençons par parler du scénario, en évitant de trop dévoiler de l’histoire.

Fuminori est un étudiant en médecine qui vivait jusque là une vie banale, comme tant d’autres. Jusqu’au jour où il a un accident de voiture avec ses parents. Ses parents ne survivront pas, et il aurait bien pu y rester aussi, étant donné que son cerveau est touché. Mais il est opéré d’une manière « expérimentale », et il survit. Seulement, lorsqu’il revient à lui, il se met à percevoir les gens comme « monstrueux ». Ils ressemblent désormais à des tas de chairs et de fibres puantes, parlant dans un pseudo-langage insupportable et difficilement compréhensible. De même pour les bâtiments ou pour les rues, ces derniers sont désormais pavés d’un amoncellement d’entrailles. Si Fuminori reste conscient que ces visions sont une séquelle de l’opération, il n’en reste pas moins que la vie lui est devenue très difficile à supporter, il se distancie de plus en plus de ses anciens amis en raison de l’odeur, de la vision, et du bruit qu’ils leur inspirent désormais.

Fuminori

Fuminori, tentant de paraître comme si de rien n’était

Le décor auquel ressemble désormais un café à travers les yeux de Fuminori

Mais cela est difficile pour lui, voici par exemple le décor auquel ressemble désormais un café à travers les yeux de Fuminori

Cependant, peu avant de sortir de l’hôpital, Fuminori fait la rencontre de Saya. Il s’agit d’une jeune fille, petite, mince, et plutôt mignonne. Et surtout, c’est la seule personne que Fuminori peut encore voir comme une humaine. Comme cela semble convenu/classique à partir de là, ils vont tomber amoureux l’un de l’autre.

Saya

Saya acceuillant Fuminori à la maison

Une autre image de Saya

Une autre image de saya pour montrer qu’elle est craquante

Mais qui est vraiment Saya ? Je n’en dis pas plus, comme promis je dévoile le moins possible de l’histoire (ou des histoires, vu qu’en fonction des deux uniques choix possibles dans le jeu, il peut y avoir trois dénouements possibles).

Maintenant, passons à la critique proprement dite.

Commençons par les graphismes. Ceux-ci sont vraiment de très bonne qualité, surtout en tenant compte du fait que ce VN est sorti en 2003. On peut réellement sentir le travail derrière les différentes images de fond, que ce soit les décors « ordinaires » que voient les personnes non-atteintes, ou les décors remplis d’entrailles et d’horreurs diverses que perçoit Fuminori.

Passons ensuite à la bande sonore. Celle-ci comporte quinze pistes, qui contrastent fortement les unes des autres. On pourrait les regrouper dans trois groupes. Tout d’abord des pistes qui ne sont pas de la musique à proprement parler, mais plutôt de la noise (je ne suis vraiment pas expert dans ce domaine, nous dirons qu’il s’agit d’une sorte de musique bruitiste aux guitares très saturées), ces pistes servent à coller aux passages angoissants de l’histoire. Je ne suis vraiment pas fan de ce genre dans la majorité des cas, mais ici elles correspondent au contenu des passages correspondant. A l’opposé, nous avons des musiques plus douces, presque relaxantes, servant à coller aux passages de calme avant ou après la tempête. Elles sont relativement sympathiques à écouter, malgré un côté quelque peu gnan-gnan dans certains cas. Enfin nous avons les thèmes de Saya (3 au total, dont 2 instrumentaux), qui sont eux aussi sympathiques à écouter, malgré un côté là aussi trop gnan-gnan du thème chanté (je ne parle pas de la voix que je trouve plutôt belle, mais de la musique de fond, ainsi que des « la la » par moments, lesquels laissent supposer, même pour quelqu’un qui ne parle pas japonais (comme moi), que les paroles ne volent pas haut).

Dans l’ensemble, la bande-son colle très bien à l’action, et l’alternance de ces musiques est telle que la bande-son réussit le tour de force de ne pas lasser l’auditeur.

Concernant l’histoire en elle-même, elle est originale, bien construite, les péripéties tiennent vraiment bien le lecteur/spectateur en haleine. Je ne préfère pas m’étendre davantage sur ce point, car je risquerais de me mettre à trop en dévoiler.

Maintenant, concernant le style d’écriture. Contrairement au traducteur à qui nous devons la possibilité, depuis environ un mois maintenant, de lire et de regarder cette œuvre en français, je ne jugerai pas ce style comme « irrecevable ». Certes, lorsque l’on relit certains passages de l’œuvre en prenant le temps de les analyser, ce n’est pas non plus du grand art de ce côté là, mais lorsque l’on lit l’histoire « tranquillement », le niveau est à mon avis largement suffisant pour permettre la lecture sans être incommodé.

En conclusion, ce VN ne m’a pas laissé indifférent. Je pense qu’il fait partie de ces rares œuvres dont on ne ressort pas indemne. Une œuvre de très grande qualité, malgré quelques défauts. Le côté malsain de l’histoire le classe définitivement comme l’une des rares œuvres qui justifient pleinement leur interdiction aux moins de 18 ans. Avant de vous laisser le lien vers le site du traducteur, que je me dois de féliciter pour son travail, je vous avertis néanmoins que parmi les scènes malsaines et choquantes se trouvent un certain nombre de scènes de sexe. Ces scènes ne constituent pas l’argument principal du jeu, loin de là, et il peut être possible d’aller au delà de leur présence occasionnelle.

Voici le blog du traducteur :

http://nnuuu.free.fr/

Vous y trouverez le jeu traduit en français, ainsi que d’autres articles sur d’autres sujets.

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5 Responses to “Critique du visual novel saya no uta”

  1. Ileca Says:

    Pour ce qui est de l’écriture, je pense avoir fait dans la mesure du possible un gros travail d’adaptation en corrigeant par exemple les répétitions plus qu’abondantes. Disons que j’ai fait en sorte d’optimiser l’écriture d’Urobushi ou, tout du moins, sa traduction anglaise pour la rendre plus agréable en français. (C’est toujours difficile de juger d’un scribouillard à partir de sa traduction.)
    Après, en sus de ceci, la différence entre mon appréciation et la tienne tient à ce que j’ai passé un certain nombre d’heures (plus que quatre) à traduire et donc à m’user les yeux, et n’ayons pas peur des mots, à m’énerver littéralement sur un travail ingrat malgré les qualités que je reconnais à Saya no Uta.

    Et pour parfaire le tout, je n’ai pas critiqué Saya no Uta à l’aune du Visual Novel mais en considérant le potentiel du support – de manière absolue. Or, il m’est impossible de dire que l’écriture de Saya no Uta soit recevable quand mes lectures quotidiennes me prouvent le contraire, même en prenant en compte les contraintes particulières inhérentes au support.

  2. Kantaro Says:

    En effet, si en plus de la traduction, tu as réalisé un travail d’adaptation, ou d’amélioration du style, cela change effectivement la donne.

    Il est clair que si tu as passé un certain nombre d’heures à traduire, tu as pu davantage juger du style que quelqu’un qui ne fait que lire (comme moi). D’autant plus, que comme tu me le fais remarquer, je ne fais que lire ta traduction.

    Je lis moi-même pas mal de livres de genres divers et variés (je suis très éclectique, et cela se confirme avec les années), mais je dois avouer que je n’ai jamais été très regardant sur le style, sauf dans les cas extrêmes (« trop, c’est trop »).

    Pour ce qui est du potentiel du support, là je rentre sans doute dans un avis personnel, et je m’éloigne aussi sans doute un peu du sujet, mais je pense que le Visual Novel est un support relativement jeune (mettons trois décennies, mais son expansion ne remonte qu’à une dizaine d’années, de plus les possibilités techniques n’étaient pas encore satisfaisantes au début).

    Je pense donc qu’il faut donner du temps au temps, pour que ce potentiel soit maîtrisé, car à mon sens, le support, bien qu’ayant donné des jeux d’une très grande qualité (mais c’est l’arbre qui cache la forêt par rapport à l’ensemble des productions de VN) , n’a sans doute pas encore révélé tout son potentiel. D’autant plus que ce support apparait souvent, comme tu l’as mentionné dans ta critique de saya no uta, comme une (fausse) solution de facilité, que ce soit pour la réalisation ou pour l’édition.

    J’espère que d’ici quelques années, le niveau moyen sera tiré vers le haut. Peut-être que les bons VN ne seront alors plus l’exception, mais la règle (je suis peut-être trop idéaliste, là…).

  3. Ileca Says:

    Mouais, je ne suis pas aussi optimiste que toi. Le VN n’est pas vraiment l’exception vu qu’il en sort je ne sais plus combien pas an (impossible de retrouver ma source mais il suffit d’aller sur la vndb pour voir qu’elle répertorie 4799 VNs et que je suis déjà tombé sur une absence de fiche – combien de séries d’animation japonaise en comparaison ?). Il s’agit d’une industrie parfaitement réglée qui cible un public qui n’est pas regardant sur la qualité de l’écriture, écriture qui n’a rien à voir avec la maturité d’un support dont elle s’est bien passé depuis des siècles.

    (Tu me donnes une idée d’article, tiens.)

  4. Kantaro Says:

    Je crois qu’il y a eu un malentendu, j’ai du mal m’expliquer.

    Quand je parle d’exception à la fin de mon commentaire précédent, je disais que les bons VN sont (actuellement) l’exception parmi la masse des mauvais VN.
    Pour le reste, je suis bien conscient que c’est une industrie avec un grand nombre de productions.

    (content de te donner une idée d’article)

  5. Ileca Says:

    Désolé, c’est moi qui en relisant ton article ai zappé le mot « bon » et qui ai relié ton (faux) désir de norme du VN par rapport à tout autre support à un facteur d’éveil du potentiel latent. En gros, j’ai cru que tu pensais que plus il y aura de VNs, plus les expérimentations auront lieu et par conséquent que cette tendance augmentera la probabilité que le support soit maîtrisé.
    Ceci dit, le reste de mon commentaire reste valide et d’ailleurs, la remarque concernant le nombre de VNs qui sort à la pelle est un obstacle en soi contre la qualité en tant que norme. Entre en ligne de compte nombre de productions purement pornographiques et dont les critères de qualité doivent varier par rapport à un VN dit classique (sans sexe ou si peu).

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