Death Note, le refus du débat, et la connerie ambiante

Et oui, un autre sujet que les VN sur ce blog…

Ce soir, je me décide à lâcher d’un coup ce que j’ai de gros sur le cœur depuis trop longtemps, environ trois ans maintenant… et je vous préviens, je ne vais pas mettre de gants.

Je préciserai autant que possible mes points de vue et positions personnelles (souvent en gras), afin qu’on ne me fasse dire ce que je n’ai pas dit.

Je devrais logiquement faire une présentation de Death Note, mais vu que normalement les chances que les visiteurs de mon blog connaissent déjà cette série, et pour la plupart ont déjà fini de la lire ou de la regarder, je vais faire court.

Le personnage principal de la série, Light Yagami, est au commencement de l’histoire un lycéen de 17 ans. C’est un très bon élève, et c’est également un « enfant » précoce. Il ne rencontre pas de difficultés particulières dans sa vie quotidienne, mais il s’ennuie dans un monde qu’il estime pourri à cause du crime et du pouvoir. (peut-on vraiment lui donner tort ?)

Un jour, il récupère par hasard un cahier magique, le « Death Note », qui permet de tuer quelqu’un en écrivant son nom. Seules conditions, il faut connaître le nom et le visage de la personne.

Bien évidemment, au départ, Light croit à une mauvaise farce, mais il va l’utiliser « pour voir » lorsqu’il entend parler d’une prise d’otage dans une école. Après avoir vu que ça marchait, et après avoir fait un deuxième essai sur un violeur, Light décide alors de se mettre à tuer tous les criminels grâce à sa Death Note.

Face à la situation, une sorte de super-détective dont personne ne connait ni le nom ni l’identité, connu sous le pseudonyme de « L », décide de mener l’enquête afin d’arrêter celui que la presse appelle désormais « Kira ». S’ensuivra alors une guerre psychologique entre ces deux personnages, afin de découvrir l’identité de l’autre et de le supprimer…

Pour la suite, je suppose que vous avez déjà lu ou regardé cette série, mais si vous ne l’avez pas lue ou vue, ou pas terminée, et que vous ne voulez pas que je vous gâche la fin, ne cliquez pas sur le « lire le reste de cet article » ci-dessous.



Il se trouve que cette série ayant eu (et ayant encore) un très grand succès, succès qui est dû d’une part à des qualités narratives et scénaristiques que je ne peux pas nier, mais aussi au bouche à oreille, et aux relais sur les forums spécialisés anime ou manga où l’on en parlait comme de « la série du moment », de nombreuses discussions sur cette série eurent lieu sur les forums… et de nombreux débats aussi.

Bien avant que la fin de la série soit parue au Japon, il était déjà possible de trouver sur les forums des discussions ou des débats du type « êtes vous pour L ou pour Kira ? », « si vous disposiez d’une Death Note, qu’en feriez-vous ? », etc.

Il se trouve que les procédés scénaristiques qui  font habituellement  ressentir au lecteur ou au spectateur que ce personnage là est le héros et ce personnage là le méchant sont autant que possible absents de Death Note, laissant libre choix à ce dit lecteur/spectateur de se faire son choix entre ces deux visions de la justice qui s’affrontent tout au long des péripéties.

Seulement, à la fin de l’histoire, Light/Kira est capturé et la vision de la justice de L triomphe. Soyons clair, ce n’est pas le problème en soi. Le problème vient du fait qu’il y aurait pu, ou plutôt qu’il aurait du y avoir un débat, (tout y portait, y compris Light qui se justifie) mais à travers le personnage qui remplace L vers la fin de l’histoire, le débat est refusé, ce dernier faisant une assertion non argumentée, en répondant tout simplement « Non, ce n’est pas vrai. Vous n’êtes qu’un assassin. Il n’y a rien à rajouter. »

Ce même problème qu’est le refus du débat par certains se retrouve également sur les discussions des forums dont je parlais trois paragraphes plus haut.



Ce problème du refus du débat sur cette série, renvoie bien évidemment au refus du débat sur la peine de mort.

Je vais être clair tout de suite, je ne suis pas pour la peine de mort. Je ne suis pas contre non plus. En fait, je n’ai jamais eu d’avis tranché sur la question.

Cependant, quand je vois les anti « primaires » (en France et dans le reste de la francophonie), je n’ai vraiment pas envie de leur ressembler. J’insiste sur le primaire : il y a bien sûr des anti qui savant argumenter, débattre, et qui sont intelligents et cohérents dans leur démarche.

Quand je parle des anti primaires, je parle de ceux qui sont incapables de débattre sur la question, ou d’argumenter leur position de manière cohérente. Je parle de ceux qui vous vomissent une merde abjecte en guise d’argumentation, en mélangeant peine de mort ou non avec dictature ou démocratie, et d’autres amalgames et conneries relevant d’une interprétation farouche et abusive des droits de l’homme (qui s’appelle le droit de l’hommisme).

Je ne suis pas contre les droits de l’homme, mais contre leur interprétation farouche et abusive, le droit de l’hommisme.

Pour l’instant, je ne suis ni pro ni anti, mais si un jour, je deviens un anti, j’espère que ça ne sera pas un anti primaire que je deviendrai.



Un peu d’histoire : en France, la peine de mort a été abolie par Robert Badinter en 1981, alors qu’une majorité de français étaient pour. Comme je l’ai expliqué plus haut, je ne suis pas forcément pour la peine de mort, mais cette manière dont fut promulguée une abolition de cette importance, sans passer, comme cela aurait du être le cas pour une abolition de cette importance, par un référendum, je la trouve tout simplement dégoutante.

Tout comme je trouve dégoutant le bourrage de crâne qui fut opéré par la suite (dans les médias, dans les écoles… il est toujours à l’œuvre de nos jours d’ailleurs) sur le sujet. Le but fut d’empêcher les individus de se faire une opinion par eux-mêmes, tout du moins sur ce sujet.

Maintenant, 3 points sur le sujet durant l’année 2006. Dans le désordre : un sondage, montre que malgré 25 ans de bourrage de crâne, il y a toujours 42 % de français pour la peine de mort (certes une minorité). Cependant, un autre sondage montre que 58 % des français sont pour l’exécution de Saddam Hussein.L’opinion est mouvante suivant les sondages donc…

Cependant, cette même année 2006, Jacques Chirac décide d’inscrire l’abolition de la peine de mort dans la Constitution, chose qu’il fera, toujours sans référendum alors que les deux sondages précédents y portaient, en 2007.

Pour repréciser, je n’ai pas d’avis tranché personnel sur la peine de mort, mais je pense que ce genre de décision importante (parmi d’autres), devraient se faire par référendum. Et, en passant, un référendum renouvelé tous les 10 ans, afin de tenir compte de l’évolution de l’opinion publique.



Pour en revenir à Death Note, cette série a des qualités scénaristiques et narratives indéniables, mais le refus du débat à la fin fout tout en l’air, et c’est bien dommage.

Voila, cet article n’a pas de but précis, si ce n’est d’exprimer une bonne fois pour toutes, clairement, ce que j’ai sur le cœur, en développant et en argumentant le plus possible.

Éventuellement d’en discuter dans les commentaires ou ailleurs.

Voila voila, je validerai et répondrai à tous les commentaires constructifs qui me seront faits.

Pour les insultes (il risque d’y en avoir), cela dépendra de mon humeur du moment…

Si jamais on m’interprète des positions ou des points de vue que je n’ai pas, je préciserai en complétant cet article.

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6 Responses to “Death Note, le refus du débat, et la connerie ambiante”

  1. Q Says:

    Intéressant comme article, merci.

    Concernant le référendum, il s’agit d’une vaste blague : les décisions qu’on nous laisse prendre sont à la fois bien peu nombreuses et limitées…
    Il en va de même dans notre système en général.
    La démocratie représentative se base sur l’idée que quelques personnes élues par la majorité des votants (sans compter les votes blancs en plus il me semble) prennent les décisions. Je ne vais pas parler non plus du fait qu’une partie assez importante de la poplation est vraisemblablement inconsciente des procédés de manipulation dont elle est victime.

    D’où l’abondance d’abus en tout genre, comme nous le montre particulièrement l’actualité avec les « lois » récentes (pas seulement en France) à propos d’Internet.

  2. Dreki Says:

    Comme d’habitude, je n’ai pas d’avis tranché non plus sur la question, mais deux trois trucs à dire quand même. ^^
    Tu parles des antis primaires, qui, c’est assez logique, sont majorité à notre époque. Ou tout du moins il est mieux vu d’être anti sans pouvoir le justifier que d’être pour sans savoir le justifier non plus.
    D’où ma question : ne penses-tu pas qu’avant l’abolition de la peine de mort, l’immense majorité des « pour » étaient tout aussi primaires ? Dans le fond, c’est logique, c’était « normal ».
    Ce qui m’amène à ceci : dans un sens comme dans l’autre, on n’a pas ou peu amené les gens à réfléchir sincèrement, par eux même, sur le sujet. Ou alors, juste pour faire joli en philo, au bac. Si l’on n’éduque pas, si l’on n’instruit pas sur un sujet, la seule option pour faire changer les mentalités reste un bourrage de crâne.
    Pour en venir à ta conclusion, donc, permettre au peuple de décider, pourquoi pas. Mais l’idée que la chose puisse être lancée comme ça, de but en blanc, me donne des frissons.
    Il faudrait qu’ils puissent se faire une opinion éclairée auparavant. Pas juste une opinion préconçue.

    Quant à Death Note, je trouve que la série est tellement enfermée dans un genre policier qu’elle n’exploite pas assez les pistes de réflexions qu’elle amène. Pas une seconde Light ne doute du bien fondé de son action, et pas une seconde L ne se pose de questions non plus. La seule réflexion se trouve à la fin, après la mort de Light, pour moi. Mais bref, je m’égare.

    Un détail m’a toujours intriguée. Light meurt, et la vision de la justice de Near & Co triomphe. Les lecteurs qui étaient contre Light, et donc contre la peine de mort si je simplifie, sont donc en toute logique amenés à se sentir satisfaits… Sauf qu’ils le sont parce que « ce connard de Light » meurt. Vive le paradoxe. Je me demande toujours si ce paradoxe est volontaire de la part des auteurs pour faire réfléchir, ou bien si c’est un pur hasard. ^^ »

  3. Q Says:

    « Tu parles des antis primaires, qui, c’est assez logique, sont majorité à notre époque. Ou tout du moins il est mieux vu d’être anti sans pouvoir le justifier que d’être pour sans savoir le justifier non plus.
    D’où ma question : ne penses-tu pas qu’avant l’abolition de la peine de mort, l’immense majorité des « pour » étaient tout aussi primaires ? Dans le fond, c’est logique, c’était « normal ». »
    -> Tu pourrais m’expliquer de manière simple la notion d' »anti primaire » ? Je ne connaissais pas ce terme.

    « Ce qui m’amène à ceci : dans un sens comme dans l’autre, on n’a pas ou peu amené les gens à réfléchir sincèrement, par eux même, sur le sujet. Ou alors, juste pour faire joli en philo, au bac. Si l’on n’éduque pas, si l’on n’instruit pas sur un sujet, la seule option pour faire changer les mentalités reste un bourrage de crâne. »
    -> Oui, je suis d’accord. Très peu de réflexions Personnelles sur le sujet.

    « Pour en venir à ta conclusion, donc, permettre au peuple de décider, pourquoi pas. Mais l’idée que la chose puisse être lancée comme ça, de but en blanc, me donne des frissons.
    Il faudrait qu’ils puissent se faire une opinion éclairée auparavant. Pas juste une opinion préconçue. »
    -> Pour ce qui est de décider, je ne parlais pas spécifiquement de la peine de mort, mais l’idée est là oui. Après ce n’est pas parce qu’une [pseudo-]majorité a un avis que celui-ci est [moralement] correct, c’est vrai.
    Mais à mon avis c’est toujours mieux que de laisser la décision aux mains de quelques individus privilégiés, qui ont tendance à ajuster des lois selon leurs petits intérêts (et ceux de leurs collègues aussi donc).
    Pour ce qui de l' »éducation du peuple »… là aussi, je ne sais trop quoi en penser. Il faudrait « seulement » arrêter de bouffer toutes les informations qu’on nous donne comme si c’était des vérités absolues… donner aux gens l’idée de douter, remettre en question etc. pas si simple.

    « Quant à Death Note, je trouve que la série est tellement enfermée dans un genre policier qu’elle n’exploite pas assez les pistes de réflexions qu’elle amène. Pas une seconde Light ne doute du bien fondé de son action, et pas une seconde L ne se pose de questions non plus. La seule réflexion se trouve à la fin, après la mort de Light, pour moi. Mais bref, je m’égare.

    Un détail m’a toujours intriguée. Light meurt, et la vision de la justice de Near & Co triomphe. Les lecteurs qui étaient contre Light, et donc contre la peine de mort si je simplifie, sont donc en toute logique amenés à se sentir satisfaits… Sauf qu’ils le sont parce que « ce connard de Light » meurt. Vive le paradoxe. Je me demande toujours si ce paradoxe est volontaire de la part des auteurs pour faire réfléchir, ou bien si c’est un pur hasard. ^^ » »
    -> 1 ! =)

    J’ai peut-être un peu répondu à côté de certains trucs.
    En tout cas je suis pour la continuation de cette discussion. ^^

  4. Kantaro Says:

    @Q : On partage le même point de vue, visiblement. 🙂

    @Dreki : Pour la première question, c’est tout à fait possible, j’admets que je n’étais pas encore né à l’époque. ^^

    Pour ce qui est de l’éducation et/ou de l’instruction sur le sujet, le problème est que sur des sujets « polémiques » (j’entends par là, de manière assez générale, les sujets sur lesquels il n’y a pas de vérité « absolue », ou plutôt de vérité « scientifique » : « la terre est – à peu près – ronde » est une vérité scientifique, tandis que « ça c’est bien/mal/positif/négatif » n’est pas une vérité scientifique, et implique toujours une part de subjectivité), il est très difficile d’enseigner et/ou d’instruire de manière neutre.
    Déjà en ce qui concerne la capacité à enseigner de manière neutre, mais encore faut-il qu’il y ait la volonté pour ça, et je doute très fort que cette volonté soit présente, que ce soit chez les enseignants ou chez leur hiérarchie. (voir le bourrage de crane dont je parlais plus haut)

    Bravo pour le paradoxe du dernier paragraphe, que j’avais déjà remarqué, mais maintenant que tu en parles, je vais me poser la question aussi. (volontaire ou non chez les auteurs ?) ^^

  5. Kantaro Says:

    Le commentaire de Q (le deuxième) n’étais pas encore arrivé quand j’ai commencé ma réponse précédente ^^ »

    Quand je parle d’anti « primaire » (et je pense que Dreki en parle avec le même sens), par « primaire » je parle de ceux qui suivent l’avis (dans cet exemple, ceux qui sont contre), de la majorité ou de la [pseudo]-majorité dont tu parles, mais qui suivent cet avis sans réfléchir au pourquoi, à la justification. Lorsqu’on commence à les interroger sur le pourquoi de leur avis, ils sortent quelque chose de préconçu, pas toujours très cohérent, et en aucun cas personnel.

    Sur la plupart des sujets où il est pour ainsi dire « bien vu » d’adopter une position définie, (ici la peine de mort) une majorité, mais pas une totalité, de personnes adopte cette position « bien vue », (ici être contre la peine de mort) mais seule une petite partie de ces personnes arriveront à argumenter de façon intelligente et cohérente.

    Je ne sais pas si je suis clair dans ce message. ^^

  6. Q Says:

    Très clair !
    Sinon j’avais quoté comme un malade le post de Dreki en pensant qu’il me répondait avant… XD enfin bon c’est pas grave, j’ai donné mon avis au moins.
    =)

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